mardi 28 mai 2013

Les chemins se croisent parfois en des carrefours inattendus. Les chemins de deux langues. Au carrefour de la poésie. L’une, la langue maternelle, celle du souvenir, celle de l’enfance. L’autre, la langue de la raison, celle de l’espérance. Le portugais, qui fut ma mère patrie jusqu’à mon départ définitif d’Afrique en 1975, je l’avais presque oublié 35 ans après. Le français, je l’ai appris, d’abord sur le tas, puis sur les bancs d’école et finalement en enseignant. Lors de l’un de mes séjours dans le nord du Portugal, on m’a fait comprendre que je n’étais plus portugais car il m’était impossible de parler, de me faire entendre, de me faire comprendre dans la langue de mes aïeux. Ce fut un choc.
Le choc électrique que réveille l’esprit.
Et de nouveau j’ai voulu partager.
Parce qu’une petite phrase est plus rapide à composer qu’un grand discours, parce que quand les mots s’envolent ils sont plus légers que tassés dans le carcan d’une tragédie, j’ai composé quelques strophes et les strophes ont plu. Parce que les strophes ont plu, les amis m’ont soutenu, m’ont encouragé et comme les lettres étaient devenues des mots, les mots sont devenus poésie.
La poésie qui n’est pas partagé comme le pain de la cène, la poésie qui se cache, la poésie qui ne prend pas parti n’est pas un baume qui soulage l’âme. En mars de 2006 est publié à Lisbonne un premier recueil en portugais « O que é a vida afinal ? »
Puis, le temps, faisant sa poésie, vient le temps d’élargir l’espace e l’envie de publier en français.
Germina alors l’idée d’une revue poétique. Comme la goutte de pluie qui devient ruisseau, comme le ruisseau  qui devient fleuve, comme le fleuve qui épouse la mer, l’association de joyeux drilles qui publie la revue « Les tas de mots » depuis quatre ans, est devenue naturellement maison d’édition associative.  Les ouvrages publiés vont du recueil de nouvelles au roman en passant  bien entendu par la poésie.
A l’occasion du festival du livre « Passages de témoin »grâce au dynamisme du président de l’association « Les tas de mots » Alain Leylavergne et de l’extraordinaire action culturelle de la ville de Caen il me fut permis de lancer un deuxième ouvrage, « Les orangers fleurissent en hiver ».
Un livre de transition, un croisement disais-je.
Un recueil de trente poèmes en portugais et français. Pour vous  permettre de découvrir.
J’espère, chers lecteurs, qu’il vous plaira.
Carlos Tronco