Les chemins se croisent parfois en des carrefours
inattendus. Les chemins de deux langues. Au carrefour de la poésie. L’une, la
langue maternelle, celle du souvenir, celle de l’enfance. L’autre, la langue de
la raison, celle de l’espérance. Le portugais, qui fut ma mère patrie jusqu’à
mon départ définitif d’Afrique en 1975, je l’avais presque oublié 35 ans après.
Le français, je l’ai appris, d’abord sur le tas, puis sur les bancs d’école et
finalement en enseignant. Lors de l’un de mes séjours dans le nord du Portugal,
on m’a fait comprendre que je n’étais plus portugais car il m’était impossible
de parler, de me faire entendre, de me faire comprendre dans la langue de mes aïeux.
Ce fut un choc.
Le choc électrique que réveille l’esprit.
Et de nouveau j’ai voulu partager.
Parce qu’une petite phrase est plus rapide à composer qu’un
grand discours, parce que quand les mots s’envolent ils sont plus légers que
tassés dans le carcan d’une tragédie, j’ai composé quelques strophes et les
strophes ont plu. Parce que les strophes ont plu, les amis m’ont soutenu, m’ont
encouragé et comme les lettres étaient devenues des mots, les mots sont devenus
poésie.
La poésie qui n’est pas partagé comme le pain de la cène, la
poésie qui se cache, la poésie qui ne prend pas parti n’est pas un baume qui
soulage l’âme. En mars de 2006 est publié à Lisbonne un premier recueil en
portugais « O que é a vida afinal ? »
Puis, le temps, faisant sa poésie, vient le temps d’élargir
l’espace e l’envie de publier en français.
Germina alors l’idée d’une revue poétique. Comme la goutte
de pluie qui devient ruisseau, comme le ruisseau qui devient fleuve, comme le fleuve qui épouse
la mer, l’association de joyeux drilles qui publie la revue « Les tas de
mots » depuis quatre ans, est devenue naturellement maison d’édition associative. Les ouvrages publiés vont du recueil de
nouvelles au roman en passant bien entendu
par la poésie.
A l’occasion du festival du livre « Passages de témoin »grâce
au dynamisme du président de l’association « Les tas de mots » Alain
Leylavergne et de l’extraordinaire action culturelle de la ville de Caen il me
fut permis de lancer un deuxième ouvrage, « Les orangers fleurissent en hiver ».
Un livre de transition, un croisement disais-je.
Un recueil de trente poèmes en portugais et français. Pour vous
permettre de découvrir.
J’espère, chers lecteurs, qu’il vous plaira.
Carlos Tronco
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire